Comment bien poser les problématiques ?
Cet article a pour objet de dresser un état des lieux du secteur des services à la personne. Il repose sur notre connaissance du secteur et l’accompagnement d’une centaine de structures au niveau national. Ce périmètre d’intervention nous permet d’avoir une vue d’ensemble du secteur des services à la personne et dans le même temps une compréhension fine au niveau territorial. Elle ne prend pas en compte l’impact de la crise sanitaire sur le secteur mais vise à constituer un état des lieux du secteur des services à la personne.
Notre réflexion se limite aux aspects économiques, organisationnels et stratégiques.
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Sommaire
ToggleSITUATION ECONOMIQUE DES STRUCTURES : une analyse contrastée
Les entreprises
Les entreprises poursuivent leur développement d’activités depuis plusieurs années avec un certain succès, une progression de chiffre d’affaire et une amélioration des marges. L’application de certaines mesures comme le CICE ont contribué indiscutablement à rétablir et consolider les structures financières des entreprises, favorisant le développement de leur économie.
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 permet l’application d’un régime Fillon renforcé. Cette disposition entraine un coût du travail allégé pour les interventions destinées au public fragile. Elle leur permet de se substituer à l’exonération maintien à domicile et du CICE. Cette mesure favorise donc le secteur du point de vue économique.
Notons que depuis la loi Borloo en 2005, le marché a crû de manière considérable, entrainant un grand nombre de nouvelles franchises.
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Les associations
Le secteur associatif souffre énormément. Nous constatons une perte d’activité et une situation financière qui se détériore d’année en année.
Ce secteur a pourtant beaucoup d’atouts : des structures de taille importante, souvent une trésorerie largement positive, de véritables valeurs, un attachement viscéral des salariés à leurs organismes. Relevons également que la grille salariale de la convention collective applicable aux associations est beaucoup plus favorable aux salariés. Dans le même temps elle pratique des tarifs légèrement inférieurs aux entreprises : le niveau de marge (produits de l’activité- cout des intervenants) des structures associatives se situe de 25 % à 28 % contre 34 à 38 % pour les entreprises.
Les associations peuvent intervenir aussi dans des territoires très défavorisés économiquement, là où les structures commerciales ne vont pas.
Ce secteur a beaucoup d’effort à faire pour repenser son modèle, renouveler sa gouvernance. Il convient d’avoir une attention particulière sur ce secteur et définir peut-être un accompagnement et une assistance spécifique pour l’aider dans sa transformation (formation action).
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Les CCAS
Les services SAAD des CCAS sont les acteurs historiques dans le maintien à domicile. Ils ont des coûts d’intervention très élevés entre 27 et 32 € de l’heure. Ils ne peuvent survivre que par la volonté politique de certaines communes ou communautés d’agglomérations. Nous pensons à terme qu’ils peuvent constituer une réponse localement ; pour autant que certaines communes travaillent en commun sur des services intercommunaux et sous une forme qui pourrait devenir associative.
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GENERALISTE – SPECIALISTE QUEL MODELE ECONOMIQUE
Analysons des offres de service et leur problématique en terme économique. Les éléments chiffrés sont des données micro-économiques remontées au niveau départemental.
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Les services de confort (ménage repassage) destinés aux actifs
Cette activité croît de l’ordre de 5 % par an – soit une progression faible. Elle est moins contraignante en termes de gestion des plannings. En revanche la facturation moyenne mensuelle par client est faible : de l’ordre de 240 € HT par client et par mois.
L’activité de services de ménage et repassage se développe prioritairement dans les villes, économiquement favorisées à forte densité de cadres.
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L’activité de garde d’enfants
Après avoir connu une très forte croissance, de très nombreuses agences de garde d’enfants ont vu le jour. Une concurrence féroce s’est instaurée entre les différents réseaux de franchises qui dominent ce secteur en France.
La facturation moyenne par enfant dépend beaucoup de la situation économique des parents et de la ville d’intervention – nous observons une facturation moyenne comprise entre 400 et 800 € par mois et par enfant.
La problématique de l’activité de garde d’enfants est bien connue : il y a une grande incertitude au renouvellement des contrats à chaque rentrée scolaire. Une agence peut perdre la moitié de son chiffre d’affaire d’une année sur l’autre en fonction des situations.
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L’aide à domicile
Nous constations une progression de 8 à 10 % de cette activité dans les structures.
La facturation moyenne mensuelle par bénéficiaire se situe aux alentours de 450 € par mois.
Les contrats signés sont récurrents – nous observons toutefois une attrition importante du fait de l’évolution de l’état de santé des bénéficiaire (entrée en EHPAD, hospitalisation, décès).
La problématique est simple : le niveau de facturation est bas. La progression des structures est ralentie dans la mesure où elles doivent faire face à un taux d’attrition des contrats récurrents qui les pénalisent en termes d’activité. Ça n’est que dans la durée qu’elles parviendront à atteindre une taille critique qui se situe entre 40.000 et 50.000 heures d’intervention annuellement.
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2 modes émergents :
Il ne se dégage pas de modèle unique. Cependant, le lieu d’implantation de la structure conditionne en bonne partie le développement des structures.
A titre d’exemple, une ville favorisée économiquement, à forte populations d’actifs, verra naturellement une forte activité de confort se développer. C’est le besoin local qui prédomine.
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Le mode pluriactivité qui regroupe :
- Les activités famille confort & garde d’enfants
Les principaux réseaux de franchises de garde d’enfants se sont maintenant lancés dans le confort.
- Les activités famille & dépendance
Les heures d’interventions auprès des personnes âgées sont très calibrées :
- Le matin de 7h 30 à 9h30
- Le midi
- En fin de journée
Cela laisse des plages horaires importantes libres. Les intervenantes peuvent alors réaliser des prestations de confort.
C’est un exemple pertinent de portefeuille d’activité à développer
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La spécialisation :
Les enseignes spécialisées sur le secteur de l’aide à domicile réussissent bien sur ce segment de marché.
En conclusion, le secteur des services à la personne ne souffre pas d’un faible niveau de marge, contrairement à l’idée largement répandue, mais d’un niveau de facturation moyen par bénéficiaire faible. Les structures de services à la personne, pour se développer, doivent donc multiplier les contrats pour à la fois atteindre un niveau d’activité pérenne et dans le même temps leur permettre de standardiser leurs processus métiers.